God, don't let me lose my body.

Regardant l'oiseau repartir, elle déglutit. Elle ne savait même plus quoi penser ni comment penser. Pouvait-elle faire confiance à Friedrich ? Devait-elle suivre son instinct et décliner son offre ? Mais si elle refusait, il allait sûrement encore insister ou on ne sait quoi. Alors, c'est à moitié contre son gré qu'elle pensa tout de même à accepter, espérant que tout se passe bien ...

Cependant, elle recula légèrement par réflexe, toujours en train de léviter. Mais ce qui la surprit le plus, c'est le son de la radio qui se mit à retentir. Elle chercha l'origine du bruit en regardant un peu partout et remarqua que ça venait ... de là où la colombe était repartie ?

Crystal: Hmm ... Elle prit quand même plusieurs secondes supplémentaires pour réfléchir puis retourna sa tête vers le savant fou en soupirant. Bon ... c'est d'accord.

Dans quel merdier elle s'était encore foutue. À tendre ses bras comme ça vers elle et à se rapprocher, il n'était pas si net que ça au final. Mais bon, pour maintenant, autant accepter. Elle allait sûrement le regretter plus tard, enfin, qui sait ...

Ah. ENFIN. Il avait obtenu exactement ce qu'il voulait. Il reposa le stéthoscope à côté de lui, remonta ses manches et s'approcha du lit sur lequel lévitait Crystal. Il craqua ses doigts et commença à se concentrer sur l'entorse de sa collègue. Mais… il y avait un petit soucis. Un petit soucis magique. Ça ne venait pas de lui, certainement pas, –ce qui était étrange c'est qu'il n'avait pas pris de Juggernog–, mais plutôt de sa patiente.

Il se racla la gorge, puis tourna sa tête vers elle.

Friedrich: Hum… Krystal, bourrais-tu te boser zur le lit, sche je brie ? Les ïnnterférenzes magiques… und all das… Sche zuis zûr gue tu kombrends.

Le ton de sa voix était étrange, comparé aux autres. Il disait ces mots dans le plus grand calme, avec une sorte de professionnalisme et un calme inhabituel. Comme… un réel bon médecin, en fait. Même Archimedes avait l'air confuse, fixant son maître en penchant la tête sur le côté.

Friedrich: Boses-toi et allonges tes bras brès du korps. Za m'aide à me concentrer, et à R-Rendre mes zoins blus efficazes.

Il avait l'air de savoir de quoi il parlait… Après-tout, ce n'était pas de la petite magie, qu'il possédait. Il fallait un minimum s'y connaître, surtout quand on est soit disant "médecin".

Crystal allait le regretter. Elle allait VRAIMENT le regretter. Mais bon, maintenant que c'était fait, et surtout dit, elle ne pouvait plus vraiment revenir en arrière. Il avait l'air bien déterminé en plus ... chose qui l'inquiétait encore plus. Elle se demanda ce qui n'allait pas en l'entendant se racler la gorge, puis son cerveau se mit immédiatement en mode survie lorsqu'il lui demanda une seule chose.

"Pourrais-tu te poser sur le lit, je te prie."

S'allonger en plus ? Cette position donne un énorme désavantage s'il est question de se battre ou de fuir, mais bon ... Avait-elle vraiment le choix de toute façon ?

Elle fit ce qu'il lui demanda,  un peu à contrecœur, s'allongeant les bras le long du corps en arrêtant alors de léviter. Sans même qu'elle ne s'en rende compte, son cœur se mit à battre un peu plus vite à cause du stress qui commençait sérieusement à revenir s'installer. Pur instinct.

Crystal: Promettez-moi juste ... que ça sera rapide.

Le sourire de Friedrich s'agrandit d'avantage. Son regard terrifiant lié à l'ambiance du laboratoire et de la vieille mélodie à bas volume sortant de la radio posée juste à côté d'Archimedes, ça prenait une tournure tout juste diaboliquement ironique quand on connaissais les intentions du Herr Doktor. « Ac-cent-tchu-ate the positive », hein ? Ouais, c'est surtout appeler l'armée qu'il faudrait faire.

Il s'approcha d'elle en ne la quittant pas des yeux, puis lui répondit d'un ton professionnel mais d'une intonation angoissante :

Friedrich: Ach, ne t'en fais bas bour za… dit-il les yeux fermés, avant de les rouvrir en sa direction, ajoutant ; Dout ze basse drès fite quand sche zuis aux kommandes. Très rassurant.

Il ferma le yeux, et leva ses mains au dessus de son entorse, celles-ci se mirent alors à briller une nouvelle fois, comme avec Archimedes. Une lueur rouge beaucoup plus intense, avec un regard beaucoup plus concentré. Ses mains se mirent à trembler pendant que les ligaments de Crystal se remettaient en place, mais Friedrich n'avait pas vraiment l'air d'apprécier ce moment. En même temps, aspirer une entorse, ça ne devait pas être la chose la plus agréable du monde. Il n'y avait plus qu'à espérer que ça guérisse suffisamment vite. Il ouvrit d'avantage ses mains en plus d'ouvrir ses yeux qui brillaient en rouge, faisant flamboyer un éclat de la même couleur qui soigna la blessure presque instantanément. Il posa ensuite ses mains sur le rebord du lit pour se maintenir toujours droit, en adressant un regard faussement bienveillant à Crystal.

Friedrich: Du ffois, ze vut rabide. Il marqua une pause. Zebendant… lâcha-t-il avec un regard curieux d'enfant.

Friedrich sortit un appareil d'en dessous du lit, appareil relié au meuble et possédant un gros bouton rouge, avant d'appuyer dessus immédiatement avec une rapidité traître et fallacieuse. En ayant enclenché ce bouton sans que Crystal n'ai le moindre temps de faire quoi que ce soit, des menottes technologiques sortirent du matelas pour lui attacher les poignets, les mollets et le bassin. Ça ne serrait pas assez pour lui faire mal, mais ça serrait assez pour qu'elle ne puisse pas s'enfuir.

Il se dirigea vers la radio pour changer de chanson, tout sourire, faisant fuir Archimedes derrière les paravents médicaux, avant de tourner sa tête vers Crystal avec un regard sadique et sans pitié.

Friedrich: Sche brends dout mon demps bour édudier meine bazients. Il se mit alors à rire nerveusement d'une façon absolument cauchemardesque.

Honnêtement, Crystal voyait bien les expression terrifiantes de son collègue et cela ne faisait que l'inquiéter de plus en plus. Elle savait qu'il se passait quelque chose, son instinct le lui disait. Mais elle devait bien aller dans son sens, sinon qui sait comment ça allait finir. Elle préférait éviter tout ennui. Il fallait qu'elle reste sereine ... même si c'était difficile.

Lorsqu'il s'approcha d'elle, elle fit en sorte d'analyser et d'observer tous ses faits et gestes. Mais il avait l'air d'avoir dit vrai quand elle le vit réellement soigner son entorse. Friedrich employa la même méthode qu'avec sa petite colombe il y a quelques instants et semblait bien sentir passer la douleur. La lueur rouge se reflétait dans les yeux perplexes et fascinés de Crystal, qui sentit au fur et à mesure sa blessure partir.

La jeune fille était sur le point de se redresser pour remercier le docteur quand soudain elle fut menottée au lit à la vitesse de l'éclair. Poussant un cri surpris et sursautant, l'étoile se remit alors automatiquement en mode défensif, bien qu'elle ne puisse plus rien faire malheureusement. Sa voix s'emplit de colère, bien que déconcertée.

Crystal: QU- ... QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ?! C'EST QUOI ÇA ?! RETIREZ-MOI ÇA TOUT DE SUITE !

Le regard de la jeune fille était foudroyant et glaçant, sa voix craquait à cause de la colère mais ce qui était inévitable, c'est qu'au fond, elle tremblait de peur. Cela se faisait entendre de plus en plus dans le ton de sa voix aussi. La peur l'envahissait. La peur d'être enfermée dans la même pièce que ce scientifique fou mais aussi et surtout la peur d'être mise à découvert. Ses joues commencèrent à crépiter et rapidement, la surface de son corps entier fut recouvert et parcourut d'électricité prête à être déchargée à tout moment, créant beaucoup de lumière et un contraste assez marqué dans la pièce.

Crystal: VOUS VOUS APPROCHEZ DE MOI ET VOUS ÊTES MORT ! VOUS AVEZ FAIT CE QUE VOUS AVIEZ À FAIRE DONC MAINTENANT JE QUITTE CETTE PIÈCE ALORS LAISSEZ-MOI PARTIR !

Aaaahhh, Friedrich et la discrétion. Ça faisait deux, ça c'est clair. Il suffisait de voir ses expressions du visage plus que révélatrices de son esprit complètement dérangé, tortionnaire et barbare, mais honnêtement… sa fourberie était très bien réussie, quelque pars. Accompagnée de bons réflexe et du sens du timing, il ne pouvait qu'être dangereux. Surtout s'il avait préparé son coup à l'instant même où sa collègue avait franchit le bas de la porte de son "atelier"…

Passant de la politesse et la fascination à la colère et la crainte plus que sévère, Friedrich était littéralement aux anges. Il savait que personne ne pourrait l'entendre dû à comment il avait secrètement renforcé cette salle, les cris et la panique était donc un véritable délice à ses oreilles. Il se retourna, voyant la tentative de Crystal de se créer une sorte de "bouclier" électrique autour d'elle, et fut assez surpris. Mais soudain, il explosa dans des fous-rires incontrôlables et absolument terrifiants. Mêlée à sa voix aiguë et son regard sadique avec son sourire carnassier, ce n'était même plus Friedrich qui était en face d'elle, mais un véritable monstre.

Il s'approcha d'elle légèrement, gardant tout de même ses distances par sécurité, serra les dents et la regarda avec une expression vicieuse, lui répondant :

Friedrich: SCHWEINEHUND! s'exclama-t-il brutalement. Il me RRReste einkore DES DAAAAS de chozes à vaire. Du krois que z'est la bremière vois que sche vais za ? dit-il avant de ricaner d'une façon très psychotique. Gewiss nicht! Du fois, sch'ai dout brévu.

Il recula, s'approchant d'un mur et déploya soudainement une grande tablette sur laquelle reposait des tas de boutons et levier en tout genre. Certaines choses étaient marquées dessus, comme des explications, mais elles étaient si courtes et vagues qu'elles étaient vraiment faites pour ceux connaissant déjà le système de base.

Friedrich: Au cas où du bourrais manibuler la dechnoloschie… Il tourna sa tête vers elle en la penchant sur le côté, d'une façon absolument cauchemardesque, avant de  continuer. Essayons la MÉGUANIQUE, qu'ein dis-du ?

Un monstre. Sans âme. Une machine à tuer. Un détraqué mental. Vraiment dérangé. Toutes sortes d'appellations de ce genre fusaient dans la tête de Crystal, qui ne pouvait que voir un monstre à travers le personnage de Friedrich. Ce n'était plus son collègue devant elle. Il avait disparu. Où ça ? En enfer, probablement. Laissant à la place un être encore plus terrifiant. Même Satan en aurait peur.

À force de gesticuler dans tous les sens et à cause de l'angoisse oppressante, l'électricité de Crystal commença à s'estomper, pour son plus grand malheur. Elle s'épuisait toute seule. Sa voix fut bloquée, comme si elle ne pouvait plus rien dire. Plus parler. Rien. La colère partit pour ne laisser que la peur. Elle aurait pourtant aimé crié de toutes ses forces pour espérer que sa voix passe au travers de cette salle bien isolée. Mais même si un son parvenait à sortir de sa bouche, c'était peine perdue.

Les yeux de la jeune fille reflétaient la panique, mais aussi cet homme immense qui se rapprochait d'elle peu à peu avec maintenant cette grande tablette dans les mains. C'était donc ici ? Ici qu'elle allait mourir ? Elle avait toujours eu des sentiments mitigés à propos de son altération en cyborg. Reconnaissante et désolée pour ce que son père adoptif eut fait pour elle. Mais aussi rancunière sur le sort qu'elle dû subir, même si elle n'avait pas le choix et surtout pas la parole. Des bouts de sa vie commencèrent à défiler devant ses yeux, revoyant son ancien corps encore pur et constitué à 100% de matière stellaire, son peuple astral, son frère, sa sœur ... Puis son attendrissante famille adoptive, ses amis terriens, ses moments passés avec tout le monde.

À ce moment là, fixant le scientifique fou, seules des larmes coulèrent. Ces fameuses larmes jaunes transparentes d'un aspect cristallin. Le regard vide, elle pria mentalement.

Crystal: Papa ... Je suis désolée ... Je viens d'anéantir tes derniers mois de travail ...

Dans cette salle baignée dans la pénombre dont seule la table d'opération et le plan de travail étaient éclairés par des lumières blanches, froides et malsaines, le docteur marchait le long de sa grand palette de boutons, en n'en caressant un en particulier avec ses doigts, étendant d'avantage son sourire pervers. Jetant un petit regard derrière lui en direction de son sujet de test, il s'exclama d'une voix sombre et sarcastique :

Friedrich: Du fois, au cas où mes bazients bourraient me mettre en dancher, ch'ai miz' au boint ein pedit enchin… d'und zimblicidé enfandine !

Se décidant enfin à appuyer sur ce foutu bouton avec un entrain presque immature, le plafond se mit alors à s'ouvrir, déplaçant quatre plaques sur les côtés. C'est alors qu'une énorme scie circulaire tournant à toute vitesse en sortit, descendant et s'approchant très lentement de la table d'opération. Le véritable laboratoire du Dr. Frankenstein.

Efficace, en effet. Mais simuler une disparition, se débarrasser d'un corps et s'innocenter le plus possible, ce n'est pas mince à faire. Et pour être honnête, Maxis n'était pas le meilleur en la matière. C'est d'ailleurs la raison principale pour laquelle il est si recherché par les autorités allemandes. So, let's make a deal.

La voyant si désarmée, terrorisée et priante pour sa vie, il ricana d'un ton méprisant ; empli d'une pitié malhonnête. Il s'approcha alors d'elle d'une démarche lente et chic, les mains derrière le dos, ne la quittant pas du regard, murmurant :

Friedrich: Che d'en brie… Tu zais barfaidement comment te zortir de là, Crysdal. Meine curiozité ne temante gu'à zaffoir la férité conzernant… ta combozition. Ce n'est bas innozent de refuzer ein zimble ztéthoscobe, zauf si on a des chozes à cacher…

Il s'approcha tout près de la table d'opération, Posant ses coudes sur le côté, la fixant droit dans les yeux. Il agita une de ses main, dans laquelle se trouvait une petite télécommande noire.

Friedrich: Zette délécommande est reliée à la tablette là-bas. Che beux arrêter la scie à tout inztant, si che le dézide. Mais reste à foir ze gue tu conzidère comme le blus imbordant… entre la mort et le zecret. On ferra zela dans exacdement 20 zecondes.

Dit-il d'un ton diabolique, commençant alors à compter en allemand tandis que la scie se rapprochait de plus en plus d'elle.