• Mon rêve, ma destinée, Frédéric Bourdin. [privé]


    Tuesday 29th March 2022 at 01:01
    Cafevy

    Dafnee Reece;

    Le soleil tapait. Le soleil tapait fort, haut dans le ciel. Le soleil tapait encore plus fort que les douleurs lancinantes qu'elle connaissait, aux lendemains de soirées arrosées qu'elle avait tenté de laisser derrière elle. Force était pourtant de constater qu'elle ne les avaient pas totalement laissé de côté et qu'on ne repoussait ses travers que pour mieux y replonger dedans, la tête la première. Le soleil tapait fort dans le ciel, quand une maigre tentative avait été engagée pour supprimer la moindre onde de chaleur qui tenait de percer entre les rideaux fermés de sa modeste demeure. C'était une guerre de tout les instants, et chaque bataille comptait encore plus que la précédente, ça, Dafnee l'avait bien compris. Ca faisait déjà un petit bout de temps qu'elle vivait sur cette planète de malheur, et les étés étaient tout aussi rudes que les hivers, quand le moral, lui était encore plus ou moins au beau fixe. Elle préférait de toute façon de loin les limonades rafraichissantes et les ventilateurs échouant leur souffle contre sa carcasse aux chocolats chauds et autres raclettes au coin du feu. Quoique les cheminées faisaient toujours son petit effet sur ce sentimentalisme ténue qu'elle nourrissait à grand coup de rêveries fantasques.

    Et comme la journée n'aurait su échapper aux rituels qu'instauraient la professeure pour tenir un semblant de rythme, de peur de le perdre définitivement et de se retrouver dépassée par le retour des cours, de peur de se voir végéter dans un lit sans jamais tout à fait vouloir le quitter, Dafnee s'était installée dans un salon foutrement fleuri et garnis de bougies en tout genre. C'était un joyeux bordel, quoiqu'il fut organisé, mais qui savait la réconforter de ces longues journées de cours dispensés à des élèves dispersés. Les ventilateurs braqués sur une peau que le souffle effleurait péniblement, deux verres sur la petite table basse non loin du canapé sur lequel elle était échouée, un rempli, l'autre ne restant plus que des glaçons agonisants, son regard se portait sur un ouvrage qui trônait entre ses doigts vernis et bagués. Il était bien hors de question de se laisser aller, même en plein été, même en semblant de vacances, et la tenue qu'elle avait enfilé en était pour témoigner.

    Plongée dans une lecture qu'elle dévorait autant qu'elle la dévorait, aucun son ne semblait filtre si ce n'était l'incessant bruit des pâles de ventilateurs tournant dans le vide. Aucun sens, si bien qu'un sentiment apaisant venait se saisir d'elle, bien loin de se douter de la visite qu'on allait lui rendre. De toute évidence, rien n'aurait pu la mettre sur la voie de cette rencontre si particulière.

    Certainement pas en apprenant, finalement, la nature de cette petite invitée pas si inconnue que cela. Si l'on considérait les liens qu'elle entretenait, et entretiendrait, avec son géniteur. Puis qui aurait bien osé troubler cette tranquillité tant désirée, quand elle portait à ses lèvres le verre encore plein qu'elle n'allait pas tarder à siffler, posant la paroi pleine de buée sur son front qui ne demandait qu'un peu de répit contre cette foutue chaleur pensante. Heureusement que les cours étaient finis, Dafnee aurait fini grillée sur sa chaise, derrière son bureau. Et ses élèves aussi, fort probablement.

    Sunday 3rd April 2022 at 21:03
    Donnie.

    L'été. Cette gamine complètement dingue avait toujours adorer cette saison de l'enfer, surtout dans l'Ouest des États-Unis. Là où en hiver elle préférait rester dans les bras chauds de son père, et en automne, effrayer tous les gamins l'entièreté de la saison avec ses divers costumes d'Halloween, elle profitait toujours de l'été pour faire chier les gens dans leur tranquillité. Il fallait dire aussi qu'après avoir entendu l'histoire de ce fameux Frédéric, cette petite en fut très inspirée. Un peu beaucoup trop, d'ailleurs. Et les leçons qu'il fallait en retenir ? Pas comprises. Ou trop compliquées. Ou pas pertinentes. Ou en s'en fout, aussi. Oui, ça devait être ça.

    En totale improvisation sous le couchée du soleil éclatant, Luci attendait devant la porte de la maison de Dafnee, qu'elle avait trouvée au hasard. Heureux ou curieux hasard, d'ailleurs. Elle n'attendait pas qu'on lui ouvre, non, en fait, elle n'avait encore même pas frapper. Elle réfléchissait sur le moindre détail qui aurait pu la faire planter. Pas de robe, cheveux coupés, pas de chaussures dépareillées, un nounours au lieu d'un lapin… Ah, le pansement sur le nez ; pas bien, on enlève. Elle saignait ? Boh, c'est pas grave, c'est un détail.

    Avec toute la confiance du monde, elle frappa à la porte trois fois, avec toute la pauvre et faible force qu'elle avait. Un débardeur blanc par dessus un t-shirt rose sans manche, un bermuda orange aux lignes marrons trop grand pour elle et des bottines de randonnées qu'elle avait tenté d'ajuster en serrant les lacets de toute ses forces et un vieux casque à pique rouillé et un brin personnalisé, elle ressemblait quasiment à un petit garçon égaré. Et ça tombe bien, c'était justement ça, son rôle.

    Luci: Putain de pansement, dégage de mon doigt— murmura-t-elle avant de le balancer dans un buisson.

    (en exclusivité, bébou luci)

    Friday 8th April 2022 at 01:20
    Cafevy

    Et avec le soleil qui descendait dans le ciel, la température qui persistait, entêtement minable qui pesait plus qu'il n'était apprécié. A croire qu'il ne faisait jamais froid lorsqu'on l'attendait, et chaud lorsqu'on grelottait. Fallait juste s'y habituer. Fallait s'habituer à ce besoin constant d'un ventilateur, ou deux, avant que l'automne ne l'emporte et qu'il faille à nouveau sortir les vestes et les pulls duveteux qui préparaient l'hiver. Dafnee ne s'en plaignait pas. Du moins, elle ne se plaignait pas nécessairement, seulement quand la chaleur s'imposait sans jamais souhaiter tirer sa révérence et que la seule compagnie présente à ses côtés était celle du cliquetis incessant des pales vieillissantes qui tournaient en boucle. Même elles n'avaient plus tout à fait l'espoir de servir à quoi que ce soit, de toute façon.

    Le verre fini, reposé sur la table basse, elle avait fini par se redresser pour s'asseoir, envisageant un programme pour la fin de la journée. Quelque chose pour s'occuper. Quelque chose pour ne pas végéter sur son canapé tout le restant de son été à dépérir comme les pétales qui finissaient par tomber de ses cheveux. Du ménage. Effectivement. Elle aurait pu faire un brin de ménage pour en évacuer les cadavres desséchés sur le parquet. Trop chaud. Trop contraignant. Trop tout. Fallait trouver quelque chose de plus reposant. Comme lire un livre. Ou allumer une télévision qui ne lui servait presque plus que de décoration à l'heure qu'il était. Un livre, c'était sensiblement plus intéressant, quand tout ceux qui trônaient dans les différentes pièces de sa modeste demeure étaient déjà passés entre ses doigts habiles. Si ce n'était deux fois, ou plus. Mais on ne s'en laissait pas, de toute façon. Et dans les deux sens.

    Pourtant un bruit. Presque imperceptible. Un tout petit bruit qu'elle tentait d'identifier. Ce n'était pas sa chambre, là-bas derrière. Ce n'était pas non plus de sa cuisine, ouverte sur la petite pièce qui lui servait de salon. Ce n'était pas non plus la salle de bain, quoi que la tuyauterie avait parfois du mal à survivre. Non. C'était un tout petit bruit qui provenait de son entrée, de sa porte d'entrée.

    Bizarre, elle n'attendait personne. Ou personne ne l'attendait. C'était du pareil au même, et foutrement déprimant. Un peu plus encore que cette putain de météo qui commençait à la rendre dingue.

    Hésitant un instant, et parce qu'elle devait trouver la force de se lever, Dafnee finissait par s'y pointer. Un œil porté au judas, le regard se posait sur un enfant. Enfin, ça, c'était ce que la professeure avait déduit, quand tout ce qu'elle voyait, de là, c'était une sorte de casque, ou quelque chose dans le genre. Définitivement pas des cheveux. Définitivement pas un adulte, non plus, vu la carrure. Un enfant. Devant sa porte. C'était pourtant pas Halloween, pas vrai ? Ou alors elle était vraiment à la ramasse. Possibilité qui n'était pas non plus tout à fait à écarter.

    Un bruit métallique, cette fois. Celui du verrou qu'elle ouvrait, avant que la porte n'en fasse de même. Pieds nus, les cheveux pas tout à fait bien coiffés ni tout à fait défaits, la robe estivale et légère qu'elle portait tout les étés (la légende racontait qu'elle en avait acheté plusieurs, seul tissu qu'elle supportait encore quand les maximales de saisons apparaissaient), elle baissait la tête vers l'imposture:

    — Eh. Qu'est-ce que tu fais ici ?

    C'était pas son enfant. C'était formel. C'était pas non plus un gamin qu'elle avait déjà vu, et pourtant, Dafnee en avait vu. Et si on avait toqué à sa porte, c'était pour une bonne raison, non ? Alors de sa voix la plus accueillante et douce, quand elle n'avait pas besoin d'en faire des tonnes pour la porter à merveille, la plante attendait d'en savoir plus.

    — Tout va bien ?

    La bienveillance à outrance, donc.

    Friday 8th April 2022 at 02:06
    Donnie.

    Un gamin familier, qui se trouvait devant la porte de Dafnee. Oui, très familier même. Oui, on aurais dis un des enfant de l'académie, une petite fille de 6e, qui plus est. Une petite fille avec un strabisme assez apparent sur ses beaux yeux clairs. Mais l'enfant à sa porte ressemblait plus à une version masculine de cette fille. Peut-être de la famille éloignée, qui sait. De toute façon, beaucoup de gens n'étaient même pas foutus de dire à qui appartenait cette petite fille pâle et terrifiante.

    Mais d'ailleurs, Luci, reconnaissant la tête de Dafnee, ressenti un léger frisson le long de sa colonne vertébrale. Mince, peut-être que cette grande dame allait la reconnaître ? Non, impossible, elle n'avait même pas de cours de littérature et ne s'étaient vues que dans les couloirs parmi toute les autres tonnes d'élèves, si ça se trouve elle ne l'avait même pas calculée. Elle avait intérêt à sortir sa meilleure voix masculine, en tout cas.

    Regardant la professeure qui lui avait ouvert de haut en bas, légèrement stressée et déconcertée, Luci répondit avec sa voix la plus suave possible ;

    Luci: euh... madame ? Vous pouvez m'aider ? Je suis perdu. Je peux plus rentrer chez moi. dit-elle avec une voix de morveux en fixant Dafnee dans les yeux, portant le regard d'un chien battu.

    Des raisons et des conneries, elle en avait préparé, ça c'est sûr. Et même si ça n'avait pas été le cas, son talent d'impro était assez spectaculaire pour une gamine aussi jeune. Surtout pour sortir des histoires pas si enfantines qu'elles en avaient l'air. Mais de toute façon, même si on ne l'a croyait pas, elle savait qu'une personne suffisamment normale ne l'éjecterait pas dehors sans endroit où dormir. Par contre, pour ce que son paternel pouvait penser quand elle disparaissait, Luci s'en fichait complètement. Après tout, ce n'était pas la première fois. Et puis, elle a peut-être que 8 ans, mais elle fait ce qu'elle veut. Autonome. Quoi que ça veuille dire.

    Friday 8th April 2022 at 02:24
    Cafevy

    La main passée négligemment dans les cheveux, restant d'une éducation et d'une voix volontaire qui répétait sans cesse de toujours bien présenté, d'épousseter la terre sur les joues, sur les mains, et de faire cesser ces écorchures aux genoux, la professeure tentait de retrouver dans le panel interminable de visages enfantins qu'elle avait pu croiser quelqu'un qui saurait se rapprocher du gamin qui se tenait juste devant elle. Elle en avait croisé, des têtes de mioches en tout genre, des anges et des démons, et quelque chose dans les traits de ce dernier éveillait vaguement quelques souvenirs qu'elle n'aurait trop su faire remonter à la surface. Puis, pour quoi faire ? Lui demander s'il avait bien fait ses devoirs ? Lui faire réciter ses tables de multiplications ? Pas de chance, Dafnee n'était pas tout à fait la personne à qui s'adresser pour ce genre de question. On avait des calculatrice, des téléphones, des cerveaux bien plus matheux que le sien, c'était bien pour s'en servir, non ? Exactement. La praticité avant tout. Et si la jeune femme aimait s'employer à résoudre le moindre problème dans sa vie, l'intelligence était encore de connaitre ses limites et de ne pas s'entêter. Enfin, la plupart du temps.

    Il y avait quelque chose de familier, certes, mais elle n'avait pas jugé bon de s'en préoccuper. De toute façon, ça n'allait pas non plus faire avancer les choses, pas vrai ? Première des choses à faire, mettre le pauvre enfant en confiance, ou du moins, le rassurer. Lui dire qu'il ne craignait rien et que tout se passerait bien. Enfin, pas sous ces termes, d'une meilleure manière. On verrait bien.

    Pour plus de praticité, elle s'était penchée un instant, s'accroupissant presque pour observer d'un peu plus près la figure minaude qu'on lui tendait là. De quoi la faire fondre. Et Luci était tombé sur la bonne personne, pour que son petit tour de charme ne marche à la perfection. Suffisait de se pointer avec une moue enfantine, un regard de chien battu, et la rousse plongeait la tête la première dans le piège tendu. Mais c'était gentil. Mais c'était pour s'amuser. On n'allait pas en vouloir à cette petite tête blonde pour tenter de s'occuper d'une manière plus ou moins douteuse. Si elle avait fait ça, Dafnee, dans son enfance, ses oreilles auraient été autrement plus pointues. Foi de Reece.

    — Perdu ? Rentrer chez toi ?

    Comme quoi, la providence venait de mettre sur son chemin une occupation pour la fin de journée. Peut-être que la télévision, au final, c'était pas si terrible que ça. On pouvait peut-être avoir un peu d'espoir quand au programme, aussi.

    Réfléchir vite, trouver quelque chose à faire. Dafnee s'était alors relevée, redressée, et jetait un coup d'oeil à l'intérieur de sa demeure. Faisait quand même encore sacrément chaud, et il était bien hors de question qu'on laisse ce gamin à crever sur le pavé.

    — Tu dois avoir chaud. Soif peut-être ? Viens. Tu peux rentrer si tu en as envie, d'accord ?

    Parce qu'elle n'allait pas non plus forcer un enfant a rentrer chez elle. Et puis quoi encore ? Ca allait bien faire sur le cv, ça, encore.

    — Et après on cherchera un moyen pour que tu rentres chez toi, quand tu auras repris tes esprits.

    Un sourire ravissant sur les lèvres, elle s'était alors écartée pour laisser la blonde la possibilité de rentrer, à l'abri, au frais, dans un véritable jungle qui réussissait à résister grâce à quelques tours de magies. Ca avait des avantages, d'avoir la main vraiment verte.

    — Comment est-ce que tu t'appelles ?

    Friday 8th April 2022 at 03:12
    Donnie.

    « Yes. » Elle avait réussi à faire rentrer de nouveau quelqu'un dans le panneau. À vrai dire, Luci n'avait jamais réellement échouée à ce petit jeu, bien qu'étant tombée sur des personnes sacrément douteuses et dangereuses. Dans ces situations, les fenêtres ouvertes étaient toujours des issues de secours extrêmement utiles et bienvenues. Dans le cas contraire… il fallait en venir à la manière forte. Elle était pratique cette batte, quand même. Et surtout pas mal dissuasive.

    La professeure s'abaissant à son niveau, Luci observait chaque trait de son visage avec une attention particulière. Elle la trouvait jolie, certes, mais pas que. Quelque chose semblait dégageait d'elle, quelque chose que Luci semblait apprécier. Comme une sorte de confiance d'antan, une confiance qu'un enfant aurait instinctivement envers l'un de ses parents. À vrai dire, pour une enfant en cruel manque de repère maternel, la présence et l'attention d'une femme comme Dafnee était plus qu'agréable.

    Cette femme qui l'invitait à rentrer, en plus. Pour une fois qu'elle n'avait pas besoin d'inventer tout un baratin si tôt juste pour franchir le seuil d'une habitation. Rien qu'à voir l'intérieur de la maison en jetant des coup d'œil derrière Dafnee, ça avait l'air d'être une maison tout-à-fait incroyable. Et ce fut effectivement le cas quand Luci se décida de finalement entrer, ne pouvant s'empêcher de lâcher un petit « Whouaaaahh… » Tellement émerveillée par l'endroit tout-à-fait à son goût qu'elle commençait à arpenter, Luci mis un certain temps à répondre à la question que la jeune femme lui avait posée. Heureusement qu'elle avait une réponse prédéfinie, d'ailleurs.

    Luci: Hein ? Euh Cody. C'est mon nom.

    Une joueuse de jeux de rôles précoce, cette Luci. À en croire ses histoires, ce ne serait pas très étonnant.

    Friday 8th April 2022 at 03:30
    Cafevy

    Dafnee courrait. Dafnee courrait dans le piège qu'on lui tendait sans se poser la moindre question. Esprit embrumé par la chaleur ambiante qui tapait sur son pauvre cerveau ou bienveillance candide qui ne remets que trop rarement en doute les propos qu'on lui avance, le résultat était le même: la professeure avait chaleureusement laissée entrer l'enfant, refermant avec précaution la porte derrière elles. Derrière eux. Elle n'en savait rien, et se contentait du peu d'informations qu'on saurait bien vouloir lui vendre. Ou lui donner. Les comptes, c'était pas non plus son fort. Faute de chiffres et de zéros dans tout les sens. Encore une fois.

    Coup d’œil lancé au miroir qui trônait dans l'entrée, au dessus d'une commode où reposait les clefs de sa demeure, et quelques plantes. Encore des plantes. Toujours des plantes. Même en plein hiver, chaque recoin pullulait d'une flore luxuriante aux allures de forêt enchantée. Histoire de se sentir chez soi. Histoire de se sentir protégée de tout ce qui pourrait faire du mal, là-bas, dehors. Et quand on avait du connaitre bien pire, la plante défendait avec une ferveur pragmatique les petites écorchures qui trainaient ça et là. De celles qu'on voyait, et de celles cachées.

    Rire légèrement amusé à l'émerveillement naïf dont on faisait preuve en observant son intérieur, l'hôte se dirigeait d'un pas léger jusqu'à la cuisine, gardant un œil sur la petite tête qui trônait dans le salon. Devait bien avoir soif, par ce temps. Peut-être un peu faim, si on s'était perdu. Peut-être, aussi, besoin de réconfort, si on ne savait plus trouver le chemin de sa maison. Ca lui était jamais arrivé, à Dafnee. Elle n'avait jamais fugué, quand c'était pas l'envie qui lui manquait. Mais quelque chose l'avait toujours retenu. Et c'était pas l'amour de sa mère, ou du moins, pas comme elle lui avait transmis, en tout cas.

    — Cody, c'est ça ?

    Un silence qu'elle n'avait trop su interpréter avant de demander confirmation, elle ouvrait son frigidaire d'un geste las. C'était pas comme si le simple fait de respirer lui coutait, autant que celui de rester debout. Faudrait peut-être installer une clim, aussi. Demander un coup de main par la même occasion avant de finir avec un boitier sur le coin de la gueule.

    — Et tu veux boire ou manger quelque chose, Cody ?

    Nouveau coup d'oeil lancé au frigo rempli, elle s'était tournée vers lui, ce sourire qui ne voulait pas la quitter.

    — Je ne sais pas si j'ai grand chose qu'aiment les enfants, comme du chocolat ou des bonbons, ou du soda, mais je peux toujours essayer de trouver.

    Parce qu'elle n'avait pas de gamin, et parce que ce n'était pas tout à fait vers quoi son coeur se portait lorsqu'elle faisait ses foutues courses. Mais on pouvait peut-être s'en sortir. On pouvait peut-être offrir quelque chose qui saurait faire passer l'inquiétude qu'elle présumait d'un enfant loin de sa maison.

    — Tu peux t'asseoir sur le canapé, aussi, si tu en as envie.

    Pour profiter de l'air qui passait par là. Le peu d'air qui passait et qui commençait à terriblement lui manquer. Mais de toute façon, Dafnee avait arrêté de lister toutes ces choses qui manquaient à sa vie depuis un sacré bout de temps, déjà. Alors la fraicheur ne ferait que s'ajouter et l'allonger un peu plus.

    Friday 22nd April 2022 at 01:58
    Donnie.

    Explorant chaque recoin de la maison comme une vraie gamine (parce qu'il ne faut pas oublier que c'est ce qu'elle était), Luci finit par se blottir contre les coussins du canapé de son hôte, avant même qu'elle n'en fut vraiment invitée d'ailleurs. Mais il fallait dire qu'avoir courut toute la journée dans les rues, sous cette chaleur, pour poursuivre d'autres gamins qui n'avaient rien demandé, échapper à la justice ou encore à son père qui aurait un peu plus qu'aimer qu'elle reste à la maison pour une fois, c'était fatigant. Et bon Dieu, que ça donnait soif. Honnêtement, du temps que la boisson était fraîche, Luci était ravie. Parce que ça en avait consommé, de la mauvaise nutrition ; tout ça à cause des objectifs complètement foireux de son géniteur. Mais elle ne lui en voulait pas. Elle s'était bien amusée, contrairement à d'autres.

    Une question lui étant posée, la petite tête de Luci se tourna en direction de Dafnee, petite tête sortant du coussin qu'elle avait pris dans ses bras.

    Luci: Euh… je sais pas. Vous auriez pris quoi, vous ?

    Parce qu'il ne fallait pas oublier pourquoi elle faisait ça, Luci. Enfin, une des raisons de pourquoi elle faisait ça. Elle voulait les connaître, les gens. Leur style d'habitation, leurs habitudes, vision du monde, personnalité, et leurs goûts personnels. C'est pas mal pour la curiosité ce genre d'activité, tout de même.

    Tête baissée, Luci retira son casque couvert de piques et se mit à le contempler en silence, dans ses mains qui paraissaient alors d'un coup tellement petites. Perdue dans ses pensées en attendant son hôte, elle ne remarqua même pas sa petite peluche d'ourson tomber du canapé.

    Friday 22nd April 2022 at 05:42
    Cafevy

    Des enfants, Dafnee en avait quelques fois gardés. Pas souvent. Pas assez souvent pour être tout à fait certaine de la manière dont il fallait se conduire avec des gamins. Juste assez pour savoir s’en sortir, avec un peu de ce bon sens qu’on lui avait inculqué, et de cette tendresse toute naturelle dont on l’avait doté. Mère nature faisait parfois bien les choses, quand elle poussait sans trop de vergogne sur des mèches qui ne voulait décemment pas se laisser maitriser. Pour quoi faire, de toute façon, si ce n’était lui donner un air de perfection apparente pour dissimuler tout le bordel, bien au fond. Là où personne ne pourrait le voir, ni ne saurait le chercher. A moins qu’on emploie une détermination toute particulière, et ce qui allait avec.

    Des coussins, Dafnee en avait aussi, et la, pardon le jeune garçon, s’y était laissé tomber sans autre forme de procès. Qu’elle le fasse, ce n’était certainement pas la maitresse des lieux qui dirait quoi que ce soit. Tant qu’on ne foutait un peu plus de chaos. Et encore. Ce serait bien l’hopital qui se foutait de la charité. Des coussins dans lesquels on avait fini par disparaitre pour ne laisser apparaitre qu’une petite bouille. Une bouille adorable qui venait de la faire fondre, mais qui cachait un quelque chose de bien étrange. Quelque chose de familier sans qu’elle n’arrive tout à fait à mettre le doigt dessus. Un jour, peut-être. Un jour elle apprendrait la vérité derrière cette venue, et se sentirait bien idiote pour ne pas avoir fait un rapprochement qui lui semblerait foutrement évident.

    Elle lui avait alors adressé un sourire réconfortant, la main sur la porte de son frigidaire, tournée vers l’enfant qui se reposait. Ce qu’elle aurait pris, elle ? Probablement ce que son illustre matriarche lui aurait sorti, en lui disant de faire avec. Ce qu’elle avait envie de lui offrir, en revanche, était tout ce qu’elle pouvait trouver dans ses placards. Sans trop se pencher plus longtemps au dessus du problème, la plante se saisissait d’un verre qu’elle remplissait de lait. Végétal, bien évidemment, quand on allait être sacrément triste en apprenant qu’ici, on ne touchait pas à certaines choses. Et pour accompagner ça, elle se tenait sur la pointe des pieds pour trouver ce foutu paquet de gâteaux qu’elle se gardait pour ces nuits de déprimes. Pas grave, elle en rachèterait. Puis si ce petit bout de chou avait autant trainé qu’il le disait, fallait bien reprendre des forces.

    — J'espère que ce sera suffisant pour toi.

    D’un pas léger, les pieds nus contre le bois qui vivait sous sa plante, la plante déposait l’assiette et le verre sur la petite table basse de son salon. Elle avait, au préalable, tenté de remettre un peu d’ordre dans les bougies, les fleurs, les livres et le pot ou reposait quelques bibelots inutiles, pour y glisser les mets pas si raffinés qu’elle offrait.

    — C'est tout ce que j'ai pu trouvé, désolée.

    Et une pomme, aussi, qui trônait au milieu des biscuits éparpillés sur l’assiette. C’était peut-être beaucoup, pour une gamine de cet âge, mais Dafnee préférait lui laisser le choix. Un nouveau regard lancé sans s’en rendre compte, et un sourire sur le coin des lèvres, ce dernier retombait sur la peluche qui avait chuté. D’un geste leste, elle s’en était rapidement saisie pour le tendre à son propriétaire.

    — Je crois que ton ami à fait une chute malencontreuse. Tiens.

    Un petit ourson, du genre de ceux qu’elle avait eu dans son enfance. Du genre de celui qui avait longtemps trôné dans son lit, à défaut d’être remplacé par une autre compagnie. Un coussin était bien assez suffisant, désormais, pour tenir compagnie à une solitude écrasante.

    — Il, ou elle, a un petit nom ?

    Friday 22nd April 2022 at 19:38
    Donnie.

    Suivant du regard son hôte qui revenait vers elle un verre et une assiette à la main, Luci fut surprise de l'abondance qu'aucun autre hébergeur ne lui avait offert. …Mise à part les vieux monsieur très mal intentionnés, arrêtés plus tard par un certain sergent Clarkson. Effectivement, c'était un peu beaucoup pour un gamin, qui plus est n'avait pas vraiment très faim. Mais aucun enfant ne pouvait résister à la tentation de gâteaux. Pas même les grands-enfants* ; son géniteur pouvait en témoigner. Elle s'empressa d'ailleurs vite d'en prendre un, posant au préalable son casque à côté d'elle.

    Luci: …Merci. souffla-t-elle d'une voix faible.

    Savourant son petit biscuit dans ses petites mains, son regard se leva vers Dafnee, lui tendant sa petite peluche borgne bien abîmée qu'elle avait malencontreusement laisser glisser sur le parquet en bois. Mais c'est pas grave ; Dieu sait qu'il avait connu bien pire, cet ourson. Coinçant son biscuit dans sa bouche, elle récupéra son bien aimé doudou, bien décidée à lui en faire voir de toutes les couleurs jusqu'à la fin de sa vie. Hors de question de le perdre quelque pars pour une faute d'inattention.

    La peluche dans les bras et terminant ce qu'elle avait entamé, Luci leva les yeux vers la grande dame l'interrogeant. Elle la regarda, avala son morceau de biscuit, puis sortit ses meilleures blagues.

    Luci: À-la-Bière”. Parce que c'est un ours* À-la-Bière.

    Décidément, c'était la boisson phare de la ville ou quoi ? Peut-être bien. Mais il n'était pas un peu jeune ce garçon pour s'y connaître en bière, aussi populaire soit-elle ? Quel âge avait-il, d'ailleurs ? M'enfin, elle finirait bien par le savoir, non ?

    Luci: J'rigole. C'est Sir Reginald. Normalement il a un vieux chapeau mais je l'ai perdu.




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