-
Je n'ai jamais aimé le serment d'Hippocrate [privé]
Tuesday 22nd February 2022 at 23:01 Cafevy
dafnee reece :
Un nouveau drame. Une nouvelle chute. Un bruit sourd sur le sol, les os qui claquent contre le sol. Une descente lente et douloureuse, motivée par l’inconsidération systématique d'un énergumène aux gestes brusques qui avait réussi à propulser la professeure quelques centimètres plus bas, à même le carrelage froid qui pave les couloirs de l'académie. Couloirs déserts, autant que possible, qui évitaient par la même occasion la perdre du peu de dignité qu'il restait à la masse avachie, au râle impuissant, au cri strident, qui venait de savamment se ramasser.
Un nouveau drame précédé de bien d'autres, encore, et qui avaient su fragiliser des articulations déjà rouillées par quelques excès bien déguisés. Un nouveau drame qui n'allait certainement pas arrêter les petits pas martelant, perchés sur des talons, destinés à dispenser cours et apprentissages à des élèves affalés sur leurs tables qui ne prêtaient qu'une oreille lointaine aux informations cruciales qui leurs étaient pourtant données sur un plateau d'argent.
Une heure. Deux heures. Trois heures. La pause.
Délivrance quand Dafnee avait poussé le peu de résistance qu'il lui restait pour enseigner à ces chères têtes blondes de quoi leur assurer un avenir au moins aussi radieux que le sien. Si c'était pas médiocre, ça, elle ne savait pas de quoi il en retournait. Trois heures à repousser inlassablement le moment fatidique, celui de reposer son regard sur une blessure encore fraiche, et une cheville enflée.
Une cheville foutrement enflée qui commençait à lui faire un mal de chien et qui la faisait clopiner sur ses talons. Quelle putain d'idée de mettre des talons, exactement ? Elle savait que ce n'était pas une bonne idée, et pourtant, elle l'avait bien fait.
Suivait de près cette douleur lancinante sur un poignet d'une main qu'elle avait lancé à la va vite pour se rattraper. Et la pique servile qui remontait le long de la jambe pour se planter dans le bassin, juste au dessus des reins. Ce n'était pas simple qu'une poignée de bleus qu'elle allait connaitre, et ça, c'était tout ce dont elle n'avait pas besoin.
Parce que ça voulait dire aller le voir. Lui. L'infirmier. Enfin, s'il n'était pas boucher, à ce stade. Ce type qui lui faisait froid dans le dos, quand elle ne donnait jamais tout à fait l'air de craindre qui que ce soit. Il n'y avait qu'à voir ses fréquentations. Il avait pourtant bien fallu ravaler cette crainte idiote, presque enfantine, que lui inspirait tout l'attirail de Friedrich.
N'écoutant que son courage, remontée, la rousse avait emprunté le chemin jusqu'à l'infirmerie, pas franchement décidée à louper le moindre cours pour rejoindre un hopital, choix qui aurait pourtant été foutrement plus judicieux. Mais Dafnee ne prenait pas non plus toujours de très bonnes décisions. La preuve.
Les talons tapant à un rythme irrégulier, quand elle ne pouvait décemment pas appuyer tout son poids sur sa jambe droite, la professeure était arrivée, péniblement certes mais arrivée, jusqu'à l'infirmerie. Hésitante, elle avait fini par toquer, doucement, avant de poser sa main sur la clanche, pour la pousser.
— Erhm.... Il y a quelqu'un ?
La voix peu assurée, elle rentrait, regrettant instantanément l'idiote décision qu'elle venait de prendre. Plus qu'à prier pour qu'elle revienne, et en un seul morceau, quand elle espérait tout autant qu'on vienne la chercher, si on ne la voyait plus d'ici quelques heures. Par pitié.
Wednesday 23rd February 2022 at 17:32 Donnie.
La scène que la plupart des gens s'attendent à trouver ou s'imagine se passer dans l'infirmerie de l'académie, c'est de trouver leur cher infirmier se détendre sur sa table d'opération, entouré d'élèves dans un état d'inconscience (mort ou vif, au choix), d'organes ensanglantés fraîchement retirés, de tas de bouteilles de son Juggernog tant adoré et d'un grand cendrier remplis de cigares qu'il semble tant affectionner.
Bien que ces attentes sont plus qu'inquiétantes, l'atmosphère que Dafne trouva en franchissant le seuil de la porte était bien plus inquiétante encore. Un bruit sourd résonnant comme si l'on se trouvait dans un laboratoire scientifique ou un vaisseau spatial vide, un très léger son de radio semblant diffuser un cover allemand de Life Could Be a Dream, une luminosité faible comparé au soleil rayonnant à l'extérieur et un silence pesant comme si personne n'était présent dans les lieux, bien que l'on pouvait ressentir comme une sorte de présence.
Et cette présence, c'était bien Friedrich, caché derrière deux grands paravents médicaux au fond de la pièce, en pleine… « opération ». Bien trop concentré à ses travaux minutieux, il n'entendit pas la faible voix de Dafne qui venait de rentrer, visiblement terrifiée de ce qu'il pourrait potentiellement se passer ; ou plutôt de ce que ce fêlé de docteur allemand pouvait avoir comme intentions. Grâce à la lumière forte qui était positionné devant lui légèrement en hauteur, son ombre était visible et se démarquait du reste de la pièce, étant bien la seule chose qui pouvait bouger si l'on exceptait les lampes qui clignotaient faiblement au plafond.
Du matériel semblait se démarquer des autres, comme s'ils n'étaient originellement pas là et ramenés par quelqu'un, probablement par Friedrich lui-même. Ce matériel impliquait une grande scie large à petites dents, des poches de sangs, des seringues bien étranges, une sorte de boîte blanche un poil transparente de taille moyenne dans lequel demeurait quelques traces d'hémoglobine comme si l'on en avait retiré le contenu, et d'une grande caisses à outils bien trop technologiques pour qu'ils appartiennent à des garagistes ou des bricoleurs du dimanches.
Thursday 24th February 2022 at 01:57 Cafevy
Avec un peu de bonne volonté, on pouvait tout régler. C'était du moins ce que sa mère lui avait toujours répéter. Un petit bobo ? Il suffisait de ne pas y penser, de laisser le temps faire et de se plonger dans des révisions superflus qu'elle ne nécessitait plus tout à fait pour que tout rentre dans l'ordre. Et, en cette journée, Dafnee aurait probablement du, pour une fois, écouter les conseils de sa si chère et tendre mère pour s'asseoir dans un coin de la salle des professeurs en espérant que sa cheville retrouve un air à peu près normal. Parce qu'elle était enflée, cette foutue cheville, et qu'elle lui était de plus en plus douloureuse, quoi que la professeure gardait toujours cet air avenant.
Enfin, un air avenant qui venait de tourner au vinaigre, en poussant délicatement la porte de cette modeste infirmerie. Il était temps de rebrousser chemin. Il était toujours temps de prendre sa jambe à son cou, et l'autre trainant derrière, pour se réfugier derrière son bureau en faisant comme si de rien n'était. Mais c'était trop tard, pas vrai ? Comme si une force tout à fait avantageuse la poussait à passer le pas de la porte, un pas devant l'autre. Les talons tapaient toujours sur le sol, quand le regard se posait un peu partout.
Un peu trop à son gout, quand elle rencontrait bien fâcheusement quelques instruments de torture qu'elle espérait ne seraient jamais utiliser à son encontre. Par pitié, qu'on la laisse ressortir en vie. Elle avait tellement de choses à faire comme corriger quelques copies, dispenser encore quelques cours et aider ces foutus élèves à passer une année de plus dans les entres de l'enfer. Ou quelque chose dans le genre, en tout cas.
— Hm...Friedrich ?
Il n'était d'ailleurs pas obligé de répondre, si la rousse était tout à fait honnête. Il pouvait ne pas être là, trop occupé à on ne savait trop quoi pour se pencher sur une pauvre petite chute qui avait causé plus de dégats que les précédentes. Il faudrait probablement prendre un rendez-vous chez un professionnel, incessamment sous peu. Un vrai professionnel qui ne risquait pas de la transformer en chair à saucisse. Un comble, pour quelqu'un qui ne mangeait décemment pas de viande, d'ailleurs.
— Est-ce que je dérange ?
Elle pouvait tout à fait le déranger, ce n'était pas un problème, ce n'était certainement pas un problème pour la jeune femme, bien au contraire. Et pourtant, une petite voix, une toute petite voix, lui disait qu'elle n'allait pas s'en sortir à si bon compte, bien au contraire.
— Je viens simplement chercher, hm, un peu de glace et des cachets pour ma cheville, ça ne devrait pas prendre bien longtemps.
A voir tout ce sang, c'était bien celui de Dafnee qui venait de se glacer. Mais il fallait bien faire comme si de rien n'était, un sourire sur le coin des lèvres quoiqu'un peu plus mal à l'aise que les précédents. Les bras croisés sur sa poitrine, tentative maladroite d'une protection qui ne serait pas très efficace contre le savant fou, elle attendait désormais, impatiente, pour se tirer aussi rapidement que possible.
Saturday 26th February 2022 at 04:09 Donnie.
Visiblement, la concentration de Friedrich était sacrément forte. En même temps, c'était à peu près le seul domaine qui l'intéressait et qui le passionnait vraiment, si l'on exceptait le fameux violon qui n'était pour lui qu'un simple passe-temps. Il fallait aussi noter une chose très importante, c'est qu'il ne recevait jamais de visites. Sa réputation était connue de tous, et les rares élèves qu'il avait pu accueillir étaient soit nouveaux et donc encore ignorants ou des élèves désespérés car blessures trop grave. Ou encore des élèves punis. Mei savait toujours où exactement les envoyer pour les redresser. Ah, ils avaient dû en voir de toutes les couloirs.
En tout cas, ce n'est pas la surprise qui manqua les deux individus quand, Friedrich, bien trop occupé à transporter le véritable cœur humain énergétique à un autre endroit, se crispa entièrement quand il aperçu Dafne, là, juste en face de lui. Lui qui avait les avant-bras couverts de sang. Lui qui transportait un foutu cœur couvert de matériels technologique. Laissant un blanc de quelques secondes seulement, rythmé seulement par la musique amusante qui tournait toujours en fond, certainement pas adapté à la situation. Ses yeux s'écarquillèrent soudainement, tandis qu'un frisson de panique parcourut tout son corps. Il se précipita pour faire quelques pas en arrière et poser l'organe bien étrange sur la table cachée derrière les mêmes paravents, d'un mouvement presque automatique en ne quittant pas Dafne des yeux. Ses doigts ensanglantés se touchant les bouts tel un professionnel de marketing, il lâcha un léger rire d'embarras, espérant détendre l'atmosphère.
Friedrich: Ahehe… Bienfenue ! Il se racla la gorge par gêne, puis réajusta le col de sa chemise. Blanche. Excuze-moi, sche ne t'ai pas entendu entrer.
Et Dieu sait qu'il aurait aimé. C'était un enseignant bien étrange, ce Friedrich. Il n'aimait pas particulièrement faire fuir les gens, s'entendant généralement bien avec eux, mais il avait un don pour tout faire pour. Et souvent sans qu'il ne se rendent compte, d'ailleurs.
Friedrich: Qu'est-ce que sche peux faire pour toi ? demanda-t-il, le sourire aux lèvres.
Wednesday 2nd March 2022 at 23:35 Cafevy
Atmosphère étrange et pesante, le silence qui régnait en maitre dans la petite infirmerie de l'académie n'aidait en rien à mettre la jeune femme à l'aise. De toute évidence, il n'y avait là rien de bien rassurant, ni de bien chaleureux. Des objets étranges, du sang et d'autres choses qui attirait son regard mais dont elle ne voulait certainement pas connaitre ni l'origine, ni l'utilité. Elle ne s'était de toute façon jamais vraiment intéressée à la médecine, et ne comptait pas si mettre de si tôt. Surtout pas en présence d'un être aussi...inquiétant que pouvait l'être Friedrich. Elle détestait savamment se fier aux apparences, mais force était de constater qu'il ne lui inspirait aucune sympathie, si ce n'était celle d'une empathie toute naturelle qui l'entrainait bien plus souvent là où il ne fallait pas que sur le droit chemin. C'était peut-être pour cette bonne raison que Dafnee se trouvait dans cette putain d'infirmerie, à tenter de donner une chance à cet homme qu'elle avait peut-être un peu mal jugé. Un peu vite, surtout.
Un nouveau pas en avant, prête à demander une nouvelle fois d'une voix bien mal assurée à voir le propriétaire des lieux, quelle ne fut pas sa surprise en croisant le regard bien perplexe de son collègue, posant les yeux sur une silhouette qu'il ne s'attendait probablement pas à voir. Personne ne venait vraiment de toute façon, et Dafnee prenait toujours un soin tout particulier pour ne jamais croiser sa route, ni celle de sa salle. Quoi de plus étonnant, alors, que d'observer la professeure de lettres plantée en plein milieu de la pièce, encore plus mal qu'en y entrant. De toute façon, ce n'était pas bien difficile, quand sa cheville commençait à lui faire un mal de chien. Et il aurait mieux valu pour elle ne pas enfiler cette paire d'escarpins, avant de venir. Mais on ne changeait pas une équipe qui gagnait: le sport n'avait pas être son fort, elle ne perdait pas le nord.
Deux renards pris dans les feux de leurs voitures respectives, les deux adultes se toisaient, surpris et abasourdi. L'un par la présence de l'autre. L'autre par l'organe qui trônait entre des mains ensanglantées. Enfin, si c'était bien un organe. Si c'était bien ce qu'elle pensait. Si c'était exactement ce qu'elle pensait. Ca ne pouvait pas être ça, c'était vraiment pas possible. En plus de s'être sacrément fait mal à la cheville, Dafnee avait du tomber sur la tête, et se taper sévèrement cette dernière pour halluciner de la sorte. C'était une hallucination, c'était certain. C'était une foutue certitude.
Moment irréaliste, surréaliste, elle l'avait alors vu disparaitre pour ranger cette chose, comme si de rien n'était. Figée sur place, incapable de procéder ce à quoi elle venait d'assister, la rousse avait patiemment attendu le retour tant espéré d'un professionnel de santé qui avait bien plus l'air capable d'aggraver son cas que de l'améliorer. Au pire, elle perdrait une jambe, pas vrai ? Ca ne pouvait pas être si terrible que ça, quelque part. On s'en sortait, sur une jambe. Pas vrai ?
Et la musique n'aidait en rien, non plus.
— Oh...Euh...Je...C'est ma faute, je ne voulais pas déranger.
Un rire nerveux pour ne pas perdre totalement la face, elle s'était prise à l'idée de mentir. Il n'avait peut-être pas entendu la raison de sa venue, et lui restait encore la possibilité de fuir, de prendre sa jambe à son cou pour ne jamais plus y aller. Pour s'enfermer dans sa salle de classe avec un petit peu de glace pour tenter d'apaiser la douleur lancinante qui l’empêchait de marcher correctement.
Il avait au moins l'air aussi mal à l'aise que sa patiente, le docteur, c'était peut-être la chose la plus rassurante et logique qui se passait dans cette putain de pièce. C'était la seule chose à laquelle se raccrocher pour ne pas céder à une panique grandissante. Finalement, elle connaissait un peu d'empathie à ces enfants envoyés en colle aux côtés de Friedrich.
Mais venait le moment fatidique d'avouer la raison de sa venue. C'était trop tard.
— Il se pourrait que, hm, comment dire ça (sans passer pour une idiote) .... Il se pourrait que j'ai fait une chute. La troisième du mois. A cause de Troy. Tu sais, le pion. Sauf que cette fois, ma cheville n'a pas eu l'air de tenir...
Pour appuyer ses propos, Dafnee avait montré une cheville légèrement rougie et gonflée.
— J'me disais que tu aurais peut-être un cachet pour me dépanner. J'en ai toujours sur moi, mais j'ai oublié d'en racheter, depuis la dernière fois.
Parce qu'elle tombait souvent, Dafnee, quand ce n'était pas le café qui s'échouait dramatiquement sur sa silhouette.
Tuesday 22nd March 2022 at 01:48 Donnie.
Oh, tout va bien, sa chère collègue n'avait pas l'air d'avoir trop mal réagit à la vue de ce cœur bien humide entre ses mains, peut-être même qu'elle n'avait rien vu du tout ! Il valait mieux pour les deux compères de prétendre ce mensonge que de faire face à la morbide réalité, surtout s'il ne s'agissait que de s'occuper de cette foulure qui n'était aux yeux de Friedrich qu'une simple égratignure. Et sa vieille petite radio était de leur côté apparemment, ne stoppant point de jouer des petites musiques sympathique afin… de rendre l'atmosphère soit plus adoucie, soit encore plus glauque.
La cheville découverte, Friedrich s'approcha à peu plus et se baissa, ajustant ses lunettes, analysant l'ampleur de cette soi-disante "chute". Bien que la salle était sombre, l'on pouvait percevoir comme des éclaboussures de sang partout sur son visage, sa chemise et son veston bien chic. Il avait l'air d'en avoir tellement l'habitude qu'il était effrayant de constater au combien il pouvait se baigner dedans. Il évita cependant de poser ses mains sur Dafne, l'hygiène étant toujours bonne à conserver.
Friedrich: Aarh, ce bon fieux Troy. Zocialement atorable, mais phyziquement effroyable. répliqua-t-il en finissant par se relever. Ein médicament pour eine inflammation ? Vergiss es! Laize-moi m'occuper de ça.
Procédant à un minimum de rangement en bonne et due forme, il ramassa une sorte de grosse télécommande d'une technologie visiblement plus avancée avec un gros bouton rouge, qui, une fois avoir appuyé dessus, alluma soudainement toutes les lumières de la salle. Les boîtes, le matériel médical, les chiffons usagés, ses diverses inventions, Friedrich s'empressa de tout ranger où chaque chose devait être. Il avait songé à s'excuser pour le désordre, bien évidemment présent car l'intérêt de ranger est fort superflu lorsque l'on ne reçois aucune visite, mais il se doutait qu'elle le savait évidemment déjà. Cependant, ce qu'il ne savait pas, c'est pourquoi il en avait si peu, des visites.
Après avoir effectué rapidement un rangement dans le stricte nécessaire, il se dirigea vers l'évier bien propre présent à côté d'une grande commode, et se rinça les mains ainsi que le visage assez sévèrement ; l'hémoglobine était après-tout connue pour être extrêmement difficile à nettoyer. Cependant, il ne semblait pas prendre la moindre petite seconde pour virer les traces rouges sur les glasses de ses lunettes, comme si ça ne lui avait jamais vraiment dérangé.
Friday 1st April 2022 at 01:23 Cafevy
Mieux valait faire comme si rien n'avait été soulevé. Mieux valait garder pour soi tout commentaire désobligeant qui aurait entrainé une conversation bien indélicate et surtout particulièrement désagréable pour la jeune femme. Mieux valait passer outre les informations qui assaillait son esprit pour se concentrer sur la raison de sa venue: sa cheville. Et la douleur lancinante qui remontait le long de ses jambes nues n'aidaient en rien. A chaque pas, chaque appuie un peu trop prononcé, une décharge qui la faisait grimacer. A se demander comment diable avait-elle pu remonter le flot incessant des élèves déambulant dans les couloirs, à contre courant, pour arriver jusqu'à l'infirmerie. Et il aurait peut-être été bien plus prudent de se rendre chez soi, ou dans un hopital, plutôt que d'oser s'aventurer dans l'antre impitoyable de Friedrich. Ce n'était pas pour rien que la foule ne se pressait pas à sa porte, mais prise dans l'effervescence de l'instant présent (et par la blessure quoique superficielle, incommodante) Dafnee n'avait eu d'autre choix que de s'y rendre.
Peut-être serait-ce la première et dernière fois. Peut-être que son coeur allait lui aussi finir par palpiter difficilement entre les doigts gantés du médecin. Peut-être. Peut-être. Ca aussi, il valait mieux le laisser derrière soit avant de n'ajouter à la liste des petits maux quelques douleurs à la poitrine qui n'aurait été qu'un peu plus alarmantes que la raison première de son apparition. Un raclement de gorge, un toussotement pour faire comme si de rien n'était et la rousse s'approchait doucement, d'un pas, puis deux, tous mal assurés, pas franchement désireuse de s'appuyer sur la moindre surface qui s'offrait à elle.
Si la pièce n'était pas tout à fait visible, le désordre et les tâches noirâtres ne lui donnait pas vraiment confiance, et lui donnait plutôt l'envie de prendre ses jambes à son cou. Ou du moins celle qui était encore fonctionnelle. Pour l'autre, quelques sacrifices étaient envisageables si on lui promettait de s'en sortir vivante.
Les bras croisés sur sa poitrine, un équilibre rattrapé du bout des orteils et des talons, elle tentait de garder son regard poser là où la vue lui était le moins alarmante. Et force était de constater que l'entreprise n'était pas aussi facile qu'il n'y paraissait. Des sourcils froncés aux déclarations quant à son acolyte, elle se raclait à nouveau la gorge.
— Il a simplement tendance à oublier que sa queue sert parfois d'essuie-glace.
Sans essuie ni glace, mais bien les jambes de son amie et celles des élèves un peu trop imprudent qui s'autorisait à approcher la créature parfois effrayante. Du moins, quand on ne la connaissait pas.
N'osant plus bouger la moindre mèche de cheveux, elle avait attendu patiemment qu'on s'active après avoir examiné la cheville enflée que lui avait laissé sa chute. Il y aurait bien les bleus, plus tard, sur la peau diaphane, mais la jeune femme n'était pas tout à fait certainement de vouloir les montrer, ceux là, à l'homme qui se tenait devant elle.
Et il avait eu la bonté d'aller se passer un peu d'eau, quand l'apparition de la lumière la fit sursauter. C'était pas bon pour son coeur de rester là, vraiment pas.
— Je peux attendre sinon, si tu es occupé. J'ai bien des médicaments et un peu de glace chez moi. Et la fin de la journée n'est pas si loin.
Est-ce que ça se sentait tant que ça qu'elle voulait se tirer ?
Sunday 3rd April 2022 at 20:10 Donnie.
Friedrich: Haha, ça c'est pien frai.
Aah, Troy. Ce collègue qu'il avait toujours trouvé absolument extraordinaire. Évidemment, pour des raisons de sa propre sécurité, il s'était retenu de dire ou de montrer à quel point il espérait qu'il se rapplique un jour à l'infirmerie, celui-là. Un métabolisme si intéressant, si ça se trouve il n'avait peut-être même pas le même sang ! Ugh, une curiosité si grande et dévorante que Friedrich devait supporter chaque jour de son existence.
Il se dirigea vers la table d'examen rouge, et l'ajusta. Cette table qui lui servait d'ailleurs très bien pour se détendre avec sa même petite radio qui était bien sa seule source de compagnie lorsqu'il était enfermé dans cette maudite infirmerie qu'il considérait comme son sanctuaire. Il plaça un des draps blanc qu'il avait en stock (et Dieu sait qu'il en avait plein) sur la table, et alla chercher une sorte de petite télécommande derrière son paravent au fond de la pièce.
Friedrich: Ch'inziste. lâcha-t-il avec un sourire absolument terrifiant.
Il la sentait bien, l'inquiétude de Dafnee. Évidemment. Il ne suffisait pas d'être un génie pour s'en rendre compte. Et Friedrich était un génie. Un génie du mal, si l'on aime jouer sur les mots, peut-être, peut-être. La petite télécommande qu'il était allé chercher rapidement et discrètement sans que Dafnee ne s'en rende compte, elle était bien pratique pour ce genre d'inquiétude, d'ailleurs. Un petit bouton rouge, et les portes sont verrouillées de l'extérieur comme de l'intérieur. Oooh oui, Friedrich prévoyait toute sorte de réactions. Même la fuite. S'il n'arrivait pas à inspirer la confiance, alors il trouverait un autre moyen de les faire rester.
Il tapota la table d'examen qui n'attendait que Dafnee, et sortit d'un ton amical ;
Friedrich: Monte.
Prenant une petite seringue sur une table blanche et se dirigeant vers une grande étagère tout aussi blanche, Friedrich pris quelques petites fioles et commença à faire des petits mélanges assez étranges. Il lui suffisait de lire deux petites secondes l'étiquette sur les fioles pour immédiatement les comprendre et les associer à son mélange "fait maison". Au même moment, et de façon presque ironique de la part de sa radio qui semblait presque consciente, Weird Science commença à se jouer.
Friday 22nd April 2022 at 05:56 Cafevy
Elle venait de signer son arrêt de mort. A l’instant, Dafnee Reece venait de signer ce foutu bout de papier qui lui promettait un aller simple jusqu’en enfer. Ou quelque chose dans le genre, quand la jeune femme n’était pas tout à fait certaine d’avoir sa place d’un côté ou de l’autre de la balance. Elle devait dire adieu à ces petites amours, ses plantes qui attendraient le retour d’une source vitale d’énergie qui périrait entre les mains malhabiles d’un médecin des plus habiles. Enfin, ça, c’était probablement ce que cette dernière se serait dit, si la panique et l’inquiétude n’était pas en train de se glisser sous sa peau, à remonter dans le creux de son dos, le long de son échine pour taper dans un cerveau à l’affut du moindre danger. Et Dieu seul savait à quel point certaines situations l’avaient été, dangereuses. Tout c’était jusqu’ici bien passé, mais la roue finissait toujours par tourner. C’était peut-être aujourd’hui, qu’elle allait s’emballer et foutre le camp comme tout le reste avec. Et, étonnamment, Dafnee n’en avait plus tout à fait envie, à l’instant présent.
En plus de ça, on insistait. On insistait avec un fort accent qui ne la dérangeait pas tant que ça, mais un regard qui n’avait rien de bien rassurant, au fond. Et un petit tapotement sur un siège dont on lui invitait à s’y asseoir. Foutu pour foutu, autant plonger la tape la première dans le piège béant qui s’offrait à elle. A moins que ce ne soit elle, qui s’y offrait.
— Et, hm....Qu'est-ce que tu faisais...Avant que je te dérange ?
C’était triste à dire, surtout pour elle, mais Friedrich lui inspirait une crainte toute particulière. Avec sa sévérité à outrance, sa voix qui portait haut et loin, et cette allure de savant fou qui lui allait étonnamment bien mais qui la terrifiait savamment. Dafnee était comme une enfant qui se rendait à son premier rendez-vous avec un médecin. Avec le bruit de la fraise. Avec la lumière en plein dans la gueule. Avec cette voix faussement rassurante qui disait que tout allait bien, mais que rien n’allait aussi bien qu’on avait pu l’espérer.
Indécise, la plante avait fini par s’asseoir, la cheville toujours endolorie, et légèrement gonflée. Faudrait peut-être apprendre à Troy à se contrôler, pour éviter ce genre de situation. Fallait vraiment qu’elle s’y mette, comme elle s’y était mise pour l’écriture, et tout le reste. Oue. C’était mieux que de frôler la mort à chaque rencontre et prise de décision stupide. Stupide, elle était stupide, sa pauvre fille. Un regard lancé à une seringue, elle fronçait les sourcils, suspicieuse :
— Qu'est-ce que c'est...?
Elle n’avait pas nécessairement envie d’avoir une réponse, Dafnee, mais c’était mieux que le silence. C’était mieux que la musique qui venait de se lancer. Une blague. C’était une foutue blague, et on allait montrer les caméras cachées ? C’était ça. Surement ça. Par pitié, c’était pas le moment de la faire disparaitre.
Friday 22nd April 2022 at 17:51 Donnie.
Oooooh oui, Friedrich était parfaitement satisfait que sa victime ait finit par lui obéir, par désespoir et obligation. Même le dos tourné et concentré sur son mélange, il pouvait sentir la moindre des actions de Dafnee. Elle tombait à pic d'ailleurs, il devait justement tester une de ses nouvelles inventions médicales. Soit une révolution extrêmement pratique qu'il finirait par utiliser plus que son propre pouvoir, soit une catastrophe ambulante menant à une sorte de syndrome de Cloves très sévère. Mais bon, il l'aimait bien quand même, sa collègue. Il n'allait pas la laisser en proie à tant de risques, et prendrait tout de même toute les précautions possibles. Il lui arrivait rarement de se tromper, après-tout. Très rarement.
Mais Friedrich fut quelque peu alerté par l'interrogation que lui lançait Dafnee. Mince. Il était très mauvais en mensonge et en impro. Mais là, il allait bien être obligé de sortir une excuse. Mais comment justifier la vue d'un cœur bien étrange ?
Friedrich: Ähm… Sche… Il commença à balbutier de façon assez nerveuse. Peut-être qu'il fallait dire la vérité, après-tout. C'est ein kœur énergétike. Ein *ami* doit supir eine greffe de kœur, und sche me demante si sche peux le rendre plus effikace qu'il ne l'est déchà. Mais oui, un "ami". C'est ça.
Embarrassé, de peur que ses explications ne conviennent pas à Dafnee, il continuait son petit mélange bientôt terminé avec une légère inquiétude. Ça ne serait pas facile "d'opérer" quelqu'un si celui-ci tente de s'enfuir par tous les moyens. Il était peut-être imposant et musclé, mais sa collègue, aussi fine soit-elle, gagnerait très probablement un combat au corps à corps contre lui. Lui qui était en plus trop gentleman pour oser lever la main sur une femme. Sur sa chère collègue, qui plus est.
Et c'était une nouvelle interrogation qui venait aux oreilles du herr doktor. Mais celle-ci était moins embêtante que l'autre, cependant. Plus facile à fausser.
Friedrich: Ton remède mirakle. On pouvait sentir un sourire dans le ton de sa voix.
Vous devez être membre pour poster un message.