Encore un. Ça fait beaucoup là, non ? [privé]

[ Crystal Springer, Adams, John Fraden, d'autres persos en plus s'il le faut ]

17h30. Les cours étaient finis depuis peu et Crystal était seule en salle des profs, assise à son bureau, les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur portable et ses mains fines et habiles tapant du texte.

À vrai dire, ces derniers temps, elle évitait un peu pas mal de monde, dont ses collègues. Elle avait un mauvais pressentiment, surtout lié à ses élèves (qui, pour rappel, ont pour la plupart seulement un an de moins qu'elle ... enfin ça, c'est ce qu'on crois). Sa facilité à déballer son cours, ses connaissances multiples. Sa rapidité dans ses calculs, surtout que les calculs d'astrophysique, ce n'est pas la chose la plus facile au monde à retenir. Sa bonne mémoire, aussi. Elle entendait parfois dans les couloirs, en les croisant, certains élèves être admiratifs de son travail malgré "son jeune âge". Des élèves qui lui faisaient des louanges. D'autres, en revanche, trouvaient ça agaçant. Ils parlaient dans son dos. Ils la trouvaient bizarre. Elle avait parfois de légers bugs de voix, certes rares, mais anormaux. Le fait qu'elle était encore un peu considérée comme "nouvelle" comparé aux autres profs jouait. C'était donc plus facile de se mettre sur son dos, n'est-ce pas ? Après tout, pour certains, les cours d'astronomie c'est optionnel, n'est-ce pas ?

Elle n'aimait pas ça. Elle avait déjà été harcelée à l'école par le passé à cause de ça. "Sale intello", "chouchou de la prof", "monstre masqué", c'était les remarques qu'elle se prenait sans cesse. Elle a finit par développer une sorte d'anxiété à ce propos, la poussant à cacher à tout le monde ce qu'elle était vraiment et agir comme un être ... normal ? Qu'est-ce que la normalité, après tout ? Vous avez 4h.

Malgré son statut de professeure désormais à Heaven Lake, Crystal a gardé cette habitude de se cacher des autres. Tous ces gens, tous ces masques qui tombaient. Ça lui faisait peur. Elle avait peur de ce qu'elle était maintenant et qu'elle n'était pas jadis. Un changement faisait toujours plus mal que quelque chose d'inné, qu'on a dans les veines depuis la naissance. C'est pour cela qu'elle est tétanisée par le fait d'être dévoilée au grand jour, d'être sans défense face à des personnes pas forcément toujours bienveillantes. La présence de John parmi ces individus était évidemment la bienvenue. Elle avait connu une vision assez négative des cyborgs. Les robots et les androïdes étant crées de toutes pièces, ils n'avaient pas ce problème du dilemme de "fausse ou réelle personne". Les cyborgs, eux, sont modifiés. Et ça, que ce soit fait par un malfaiteur ou non. On leur arrache leur authenticité. On les mêle au faux. On les change à vie. On les marque à vie.

Les rumeurs et les paroles des élèves dans les couloirs à son propos ne faisaient qu'augmenter et tourner ces derniers jours, l'oppressant toujours plus et l'ayant même obligée à prendre quelques jours de congés pour respirer. Elle est au courant que dans cette ville, il y a de tout. Plus personne n'est surpris. Mais elle ne pouvait pas s'empêcher de se remémorer des évènements passés. Beaucoup d'élèves la trouvent bizarre, trop jeune, trop enfantine physiquement, dégageant une aura particulière. Elle soupira en ne faisant même plus attention à ce qu'elle tapait sur son clavier, et commença à débattre mentalement avec elle-même si elle ne ferait pas mieux d'y aller. Par panique interne, sûrement. En plus, sachant que John n'aimait pas vraiment tout ce qui était lié à la robotique (la preuve, regardez comme il ne peut pas saquer le pauvre Adams), ça lui filait des frissons supplémentaires dans le dos. Elle se souvenait de ses revolvers. Elle avait encore l'image en tête. Mais bon, peut-être qu'elle aurait survécu au final. Elle n'était pas humaine après tout.

(du coup je remets l'image de sa tenue parce que yolo je m'en bat les couilles o/ http://ekladata.com/M7Gy6td1l17IJxPfDiA0ah1w34M/crystal.png)

Un été rude bien entamé et terminé, beaucoup pensaient que les soucis météorologiques catastrophique enveloppant la ville allaient cesser peu à peu, ne laissant plus jamais entendre parler d'eux. Mais ce n'était pas le cas d'Adams. Tant qu'il n'y aura pas de confirmation de quoi que ce soit, il restera toujours sur ses gardes. Mais surtout, il gardera bien fermement ses attitudes très protectrices envers ses connaissances et ses collègues. La solitude ne semble pas le déranger au premiers abords, mais il est une personne ayant un profond besoin de compagnie. Bien que n'ayant rien d'humain à première vue, il est probablement l'un des être les plus authentique présent sur cette planète. Toujours fidèle, toujours bienveillant, jamais malhonnête. Bien qu'un peu têtu, il faut l'admettre. 

Ayant remarqué qu'une de ses chère collègue s'éclipsait d'avantage au fil des jours, il décida finalement d'aller la "confronter" à ce propos, et ce cette soirée-là. Il n'appréciait pas que quelqu'un s'isole secrètement, savant pertinemment que ce genre d'action était souvent guidée par la tristesse, voire même la dépression. Les cours étant terminés, il la chercha alors, en vagabondant doucement à travers la belle académie, regardant la déco au passage. Les vitres dans lesquelles renfermaient des trophées, des médailles, des photos, Qui sait, peut-être que lui et son groupe aussi seront immortalisés à leur tour.

Perdant presque espoir, Adams prit la direction de la salle des profs, afin d'aller y récupérer ses affaires. Ne s'attendant pas à atteindre son but, il ouvrit la porte, las. Il se stoppa net quand il remarqua que Crystal était présente. Si seulement il avait une bouche pour pouvoir sourire.

Adams: Oh, tiens. Bonjour Crystal. Il alla à son bureau, avant de s'approcher de celle-ci. Jolie soirée, n'est-ce pas ?

Adams avait en vérité un avis perplexe sur les fins de journées. Il adorait voir les couchés de soleil et prendre des billions de photos quand il avait un appareil, mais la nuit était pour lui bien ennuyeuse. Rechargé à bloc, il ne lui reste plus qu'à attendre des heures et des heures que le jour se lève. Certes, la nuit est belle à contempler. Mais pas tous les soirs. Anyway.

Jolie soirée, en effet. Dans l'esthétique, en tout cas. La jeune fille sursauta en entendant la porte de la salle s'ouvrir, s'étant posée deux secondes pour souffler. Elle se redressa immédiatement sur sa chaise pour continuer de taper à son ordinateur. Étant habituée à fausser des expressions paisibles et heureuses, elle leva la tête vers le robot et ne tarda pas à lui sourire. Malheureusement, la fatigue et l'angoisse la rongeaient trop ces derniers temps et ses yeux fermés qui accompagnaient son sourire la trahirent sûrement un peu.

Crystal: Bonsoir monsieur Adams, jolie soirée oui !

Bavarder, c'est son truc en temps normal. Pour passer inaperçu, elle tenta de se raccrocher à ça.

Crystal: Je corrige mes dernières interros numériques d'élèves ... Pour certains c'est la cata hahah ... Elle lâcha un rire qu'elle rendait naturel mais qui au fond criait de nervosité. Je peux comprendre qu'on ne sache pas définir un quasar, mais ne pas savoir dire en quelle position se situe la Terre dans le système solaire ...

Elle était la plus forte pour résister. Elle le faisait toujours. Elle en avait l'habitude. Mais cela avait rarement craqué. Certaines fois, mais sans trop de dégâts. Elle voulait à tout prix que personne ne s'inquiète et que ne sache la vérité. Selon elle, c'était le mieux à faire. Cohabiter en paix, sans différends.

Adams: Je t'en prie, appelle-moi Adams. dit-il avec un ton d'une extrême bienveillance.

Certes, la politesse était toujours appréciable. Mais il considérait tous ses collègues comme ses amis maintenant, et cela lui paraissait bien étrange d'être appelé de la sorte. Oui, il commençait même à prendre John avec affection. Sans aucun doute le mal incarné selon Adams, mais il était incapable de détester qui que ce soit. …Plus ou moins.

Adams: À notre échelle, je peux tout-à-fait comprendre que cela paraisse un peu ridicule. Mais ces élèves ne demandent qu'à apprendre, il faut donc les tenir par la main. Si tu savais le nombre d'élèves que j'ai étant totalement angoissés à l'idée de faire des mathématiques… Il suffit de s'adapter à eux en étant patient. Rien n'est plus plaisant que de les voir comprendre.

Quel pédagogue, cet Adams. Et peut-être l'un des meilleurs prof de maths de l'univers. …ou de toute l'académie, probablement. En tout cas, on ne pouvait pas dire qu'il était détesté, si ce n'est que par… les gros cons, ou les plus antipathiques. Mais il n'était pas là pour parler des cours. Et Adams n'est pas du genre à tergiverser par inattention.

Adams: En vérité Crystal, j'espérais te trouver ce soir.

Crystal: Désolée de vous appeler monsieur, j'ai ... juste pris l'habitude à force ...

Ridicule. C'était comment on pourrait décrire le sentiment de Crystal à ce moment-là. Elle se sentait un peu bête d'insinuer qu'elle avait des élèves catastrophiques, surtout que son cours n'est même pas obligatoire. Elle se mit à rire nerveusement en jetant un bref coup d'œil à son écran de PC, assommée par la honte et passant sa main sur son front dans sa frange, le coude posé sur son bureau.

Crystal: Effectivement, c'est vrai ... Où avais-je la tête ...

Mais c'est la dernière phrase d'Adams qui la fit paniquer intérieurement. La nervosité grimpait mais elle continuait malgré tout à essayer de la cacher. Levant sa tête de nouveau vers lui, la jeune étoile se questionna. Ou plutôt, fit mine de se questionner.

Crystal: Ah ? Il y a quelque chose qui ne va pas ... ?

Quelle belle ironie ça, tient.

Adams avait toujours été très conciliant avec les jeunes, il était donc incapable de les juger sur ce genre de chose. Mais il sentait que ses réflexions avaient un peu embarrasser sa chère collègue ; chose qui n'était pas du tout intentionnel. Mais il avait bien compris que le problème était plus profond que ça. Son absence fréquente prenait un peu plus de sens, quand il voyait le malaise intérieur en elle qui avait l'air d'être là depuis un bout de temps, maintenant.

Adams: Ce serait plutôt à toi de me le dire. Nous te voyons de moins en moins, en ce moment. Quelque chose de particulier s'est passé ? John te cherche les noises ? Si tu as besoin de parler, sache que je suis toujours disponible. Nous pouvons profiter de cet instant d'intimité, qu'en dis-tu ?

Adams n'avait jamais l'impression de forcer les gens à lui parler à cœur ouvert, car il avait la conviction que ces choses devaient être naturelles, et qu'elles rendaient les relations plus saines. Il ne comprenait peu les personnes cachant leurs insécurités et/ou leur douleur au fond d'eux, ayant toujours penser que c'était toxique pour le moral et la santé mentale. Même si en soi, il faisait exactement la même chose sans s'en rendre compte.

Évidemment, on ne pouvait pas berner quelqu'un comme Adams. Et ça, elle s'en doutait bien. Elle frissonna rien qu'en entendant simplement le nom de John, lui qui détestait les tas de ferraille. Elle était en train de se mener toute seule dans une impasse.

Crystal: John ... Avec lui les embrouilles c'est presque toujours, c'est devenu quelque chose de quotidien ... Elle lâcha un rire épuisé. Je suis juste très fatiguée en ce moment, vous savez ... à toujours contempler les étoiles là nuit ...

Mensonge. Elle faisait ça depuis des années et des années. Elle en était habituée, donc la fatigue ne tombait pas brusquement comme là depuis plusieurs jours voire semaines. La jeune fille avait un peu chaud à cause du stress et son ahoge tomba doucement devant son visage, comme s'il était lui aussi à bout. C'est à ce moment là qu'elle vit la connexion de son PC commencer à avoir du mal.

Crystal: Ah, et maintenant ma connexion va me lâcher ... manquait plus que ça ... J'aurais vraiment voulu terminer ça le plus vite possible ...

Elle avait beau cliquer sur le bouton de connexion dans ses paramètres pour reconnecter son ordinateur à la wi-fi de l'académie, elle voyait cette dernière partir et revenir sans arrêt, comme si elle beugait. C'est là qu'elle se rendit compte que son état de stress agissait sur son énorme cheveu rebelle, qui lui-même commençait à gêner les ondes autour d'elle.

Crystal: M-mince pourquoi ça ne marche pas ...

Ses mains tremblaient, et ça se voyait. Son ahoge, toujours tombant, semblait remuer nerveusement également. Son téléphone à côté d'elle avait lui aussi l'air de se connecter et de se reconnecter en boucle au réseau. Elle passa rapidement sa main sur son front pour discrètement essuyer les quelques gouttes de sueurs qui se formaient et savait très bien qu'elle allait être dans le pétrin si elle ne réduisait pas son stress. Alors, elle afficha un sourire rassurant et tenta de paraître normale, une fois de plus.

Crystal: C-ce n'est pas la première fois que ça arrive ... ! J'ai déjà eu la malchance d'être au mauvais endroit au mauvais moment avec un ou plusieurs appareils électroniques et que la co soit mauvaise hahah !

Adams observait sa collègue en silence, sans pouvoir discerner une quelconque expression chez lui, si ce n'est un substitut de paupière à moitié fermé, penché sur le côté, perplexe. Mais au fond, il était bien ennuyé de voir que ses doutes se confirmaient, au fur et à mesure que Crystal parlait. La fatigue, le stress… Il sentait bien que quelque chose clochait, et sa tentative de ne rien laisser paraître n'aboutit pas sur Adams.

Adams: Oh, les étoiles… J'adorerais les regarder avec toi un soir, à te raconter milles histoires et aventures. … Même si tu n'en croirait aucune. dit-il d'un ton amusé. J'ai un point commun avec le petit Elliot, sur ce coup-là… pensa-t-il.

La connexion semblant dérailler, Adams jeta un œil (littéralement un) à l'ordinateur de Crystal, curieux, mais la suspectant d'y être entre autre pour quelque chose. Après tout ce temps, il était évident que Crystal n'était pas qu'une simple humaine, ou humanoïde. Et ça, il l'avait deviné dès qu'il l'avait vue. Mais Adams ne prêtait jamais réellement attention aux attributs des gens, que ce soit leur race ou leurs capacités magiques, pas vraiment très curieux de ce côté-là, et bien plus intéressé à connaître leur personnalité qu'autre chose. … Ou les laisser tranquille, c'est une possibilité aussi—

Adams: Attend, laisse-moi faire.

Adams tendit son long bras, puis sa main se transforma soudainement. Se désassemblant, le bout de son bras se changea en ce qui semblait être un port USB A, qu'il brancha alors dans un des port libre de l'ordinateur de Crystal. Il tourna ensuite la tête vers elle.

Adams: J'espère que tu n'en a pas pour très longtemps non plus. Mais normalement, cela devrait marcher.

Bpm qui augmentait, sueurs qui se faisaient plus fréquentes, tentatives de contrôler ses mains tremblantes. Elle luttait. Elle luttait contre tous ces éléments qui pourraient la trahir, bien qu'elle était déjà très certainement grillée par son collègue. Les émotions, ça n'a jamais été son fort. Depuis qu'elle n'a plus le même cœur, et ce depuis des années, elle a encore plus de mal à les gérer. Déjà par le passé, n'était pas la plus forte pour les contrôler et même parfois les comprendre. Mais suite à ce changement dans son corps, bien qu'assez ancien mais tout de même récent sur l'échelle très longue de sa vie, cela ne l'a pas aidée. Elle avait surtout du mal, et ça se voyait en cet instant, lorsque l'angoisse et la panique sont là.

Crystal se contenta de sourire à Adams en hochant la tête, appréciant que quelqu'un rebondisse sur ses propos liés aux étoiles. Au fond, cela lui faisait vraiment plaisir. C'était un peu ce dont elle avait besoin en ce moment. Puis, elle fut attirée par l'action du robot, n'étant pas si surprise que ça étant donné qu'elle l'avait littéralement vu changer son bras en arme lors de sa première réunion.

Crystal: Merci ... je vais essayer de me dépêcher, il doit me rester deux élèves à corriger je pense ... ça ira vite ...

Voyant que sa connexion avait l'air de se rétablir et qu'Adams lui avait évoqué les étoiles un peu plus tôt, la jeune fille commençait doucement à se calmer, bien qu'encore un peu stressée sur les bords. Enfin, on espère que ça durera. Elle priait juste de toutes ses force pour qu'une certaine menace n'arrive pas, et on sait tous de qui il s'agit.

Pendant que Crystal tapait sur son clavier, un silence pesant envahi la petite salle, vaguement illuminé par le couché de soleil magnifique qui se reflétait à travers la grande fenêtre du fond de la salle, là où le grand siège de leur directrice bien aimée était. C'était à la fois étrange, et… assez apaisant, comme ambiance. Cette salle était vraiment si rarement vide, et ce calme était des plus rare. Entre les collègues tapotant sur leurs claviers simultanément, d'autres préférant écrire à la main, ceux qui papotaient pendant que Mei essayait de travailler sans écouter leurs bêtises…

Ces deux ambiances étaient agréables, en général. Mais ce silence commença vite à rendre Adams… perplexe. Il voyait bien que Crystal n'était pas au mieux de sa forme, alors il ferait tout pour lui faire cracher le morceau, et la consoler. Parce que c'était surtout le dernier point, le plus important. Il avait toujours été là pour ses proches, à leur redonner espoir dans les moments les plus terrifiants et catastrophiques, et il n'allait certainement pas s'arrêter. La bienveillance. L'optimisme. C'est ce qui le faisait vivre. C'est ce qui le rendait plus humain que certains réels humains dans cet univers. Alors, il décida de briser ce silence qui commençait à se faire déplaisant.

Adams: Navré de t'interrompre dans tes travaux, mais soit honnête avec moi, Crystal. Il s'approcha un peu plus d'elle, également navré de ne pas pouvoir être plus expressif de manière générale. Ça lui aurait peut-être été plus rassurant. Est-ce que tout va bien ? Il avait l'air tellement affectueux.